Lancé en 2020, ce Forum des femmes leaders du Nord-Kivu rassemble 22 plateformes et organisations politiques et de la société civile du Nord Kivu. Ces femmes se sont réunies dans l’espoir de mener des plaidoyers en faveur des Droits des femmes. Le Forum s’appuie sur les activités des différentes plateformes de la Province, notamment celles de la SFVS.
Les femmes au cœur de la vie politique
La question de la place et du rôle des femmes dans la vie politique et sociale en RD Congo est en effet au cœur des débats actuels sur le développement. La participation des hommes et des femmes à la vie politique et publique est une condition nécessaire de la croissance économique et du progrès social, ainsi qu’une question d'équité. Toutefois, force est de constater que dans de nombreux pays, les femmes ne s’impliquent pas autant que les hommes dans la vie politique, économique et sociale de leurs communautés. Et pour cause : elles ne disposent que d’un accès limité à l’éducation, aux ressources économiques et naturelles ainsi qu’aux sphères du pouvoir.
Les recherches menées en 2015 au Nord-Kivu par Alerte international sur la participation des femmes congolaises à la vie politique en cette période des conflits ont mis en avant quatre champs dans lesquelles les femmes ont un rôle majeur à jouer :
Les femmes, actrices de paix
La multiplicité des groupes armés reste un défi majeur à l’Est de la RDC. Par ordonnance du 03 Mai 2021, le président de la République, décrétait un état de siège dans la province du Nord-Kivu et Ituri. Ce décret est entré en exécution le 06 mai 2021.
Sur le plan juridique les procès des cas des violences sexuelles trainent d’être traité. En raison, principalement, de l’insuffisance des juges militaires, la justice militaire est débordée ce qui entraîne l’impunité des auteurs. On note également des cas de rançonnement des certains présumés auteurs des viols par la justice militaire. Sur le plan économique : l’administration de la province étant sous la gestion du gouverneur militaire, des personnes malintentionnées se font passer pour les percepteurs de taxes.
La participation des femmes congolaises au processus électoral.
Les femmes ont une énorme influence dans nos communautés, pourtant elles sont presque entièrement exclues de la vie politique congolaise. Seuls 9% des parlementaires sont des femmes et nous avons été presque totalement exclues des efforts de consolidation de la paix - à l'exception de l'inclusion occasionnelle d'une ou deux femmes pour prendre des notes pendant que les hommes parlent.
Des innovations ont été apportées à l’actuelle loi électorale. Malheureusement, elles la rendent plus discriminante en favorisant une catégorie de personnes ou de partis politiques. Les trois principaux problèmes sont : le seuil de représentativité, la caution pour postuler et les machines à voter.
Le seuil de représentativité : Ceci exige des partis politiques d’atteindre au moins 1% de voix au niveau national pour avoir des candidats éligibles dans les différentes circonscriptions au poste de députés nationaux. Au Congo, le contexte socioculturel ne permet pas souvent aux femmes d’être votées par leurs collègues du genre et faire une loi qui fixe un seuil c’est diminuer davantage les chances pour les femmes à postuler.
Les conséquences des nouveautés apportées dans la nouvelle loi électorale étaient très visibles et palpables le 08 juillet 2018 date marquant la fin de dépôt des candidatures pour les législatives. Dans certains Bureau de Réception et Traitement des Candidatures BRCT en sigle aucun dossier n’a été déposé à cause du seuil électoral qui est de 1 % ce qui suscite des réactions dans ces circonscriptions électorales, comment les élections seront possibles si personne ne postule.
La caution pour postuler : Selon la loi électorale actuelle, pour postuler comme député·e national·e, la personne ambitieuse doit payer une caution fixée à 1000 $. Vu le contexte économique de la RDC, cette caution limite durablement la participation de citoyen aux élections et surtout des femmes qui pour la plupart n’ont pas d’emploi. Au Congo, les femmes et les jeunes constituent une couche très paupérisée vivant à moins de 1$ de revenu par jour. “Comment les femmes arriveront-elles à jouir pleinement de leurs droits civiques et politiques garantis par la constitution et le Pacte international sur les droits civiques et politiques ?” s’interrogent les femmes du Forum des femmes leaders du Nord-Kivu.
La machine à voter : la loi électorale prévoit que le vote et la compilation de données se feront par une machine à voter. La première expérience en 2018 au Congo a suscité plusieurs questionnements sur sa crédibilité à produire des résultats justes et acceptables par tous car les expériences des certains pays montrent que cette machine peut facilement favoriser la fraude et la tricherie. Aussi, la RDC a actuellement une population à 65% analphabètes dont parmi elles, certains peuvent avoir des difficultés énormes d’utiliser la machine à voter et d’autres, surtout dans les milieux ruraux, peuvent directement s’abstenir à participer aux votes. Cela limite également la participation civique des citoyens surtout les jeunes et femmes a contribueré au choix de leur dirigeant·e·s au niveau local, provincial et national.
De la vie sociale des femmes
Les valeurs culturelles jouent un rôle fondamental dans l’équilibre des rapports sociaux et les relations de pouvoir entre hommes et femmes. Les rôles sexuels sont en effet définis et façonnés par la culture au sens large, à partir de laquelle se construisent les inégalités, le stéréotype de genre et les normes sociales. La construction sociale du genre est un facteur fondamental de l’accès (ou absence d’accès) des femmes à l’exercice du pouvoir politique. Elle devient un obstacle à la participation politique des femmes dès lors qu’elle s’accompagne de règles, coutumes et croyances religieuses qui contribuent à limiter leurs droits.
Par ailleurs, pendant l’état de siège l’interdiction de manifestations publiques restreint sérieusement les acquis de la démocratie.
La participation des femmes à la gestion publique
Les femmes ont des besoins spécifiques qui sont négligés dans les décisions et les budgets publics. Ces besoins portent sur la santé, notamment sexuelle et reproductive, sur la lutte contre les violences basées sur le genre, et plus globalement sur la prise en compte de leur point de vue dans toutes les décisions. « Pour remédier à ce manque de visibilité des femmes dans les instances de décision, nous devons sensibiliser et former des actrices et acteurs au niveau local pour leur permettre de revendiquer leurs droits et de contribuer à la prise de décision », insiste, Justine Masika, Présidente du Forum des femmes leaders du Nord-Kivu.
De la situation des femmes dans la pandémie COVID 19
La pandémie du coronavirus affecte le quotidien des ménages en RD Congo. Or, depuis le 18 Mars 2020, le Président de la RDC décide régulièrement des mesures sanitaires qui se révèlent impopulaires et difficilement suivies. Au Nord-Kivu, à cause de cette pandémie, les femmes se sont vues brusquement interpellées par une situation nouvelle : « constater l’augmentation inhabituelle des dépenses du ménage due à l’épuisement rapide des maigres stocks alimentaires et des réserves d’eau, l’aggravation de la charge, lourde et inégale, du travail domestique et de soin assuré par les femmes et les filles. » En effet, tout l’éventail des tâches domestiques quotidiennes comme la cuisine, le ménage, la lessive ou la collecte d’eau, qui leur incombe, est en totale augmentation.
Mais le plus grand défi posé aux femmes par les restrictions imposées par la lutte contre le Covid reste de préserver à la fois la population et ses moyens de survie. En effet, devenues dans la plupart des cas chefs de ménages dans un contexte de chômage généralisé, la majeure partie des femmes survit et fait vivre leur maisonnée grâce à des activités qui exigent des sorties quotidiennes opposées au confinement.
La situation des femmes après l’éruption volcanique
L’éruption du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021. Depuis l’éruption volcanique nous sommes sans assistance, nous avons eu quelques ONG et militant qui nous ont donné la bouillie pour deux semaines, mais après ils ont été incapable de continuer” déclare Ornella Sifa, une sinistrée de Kamuronza. Des sinistré·e·s sont toujours dans des familles d'accueil et dans le site ‘’point de chute’’ à Sake, 27 Km au Sud de la ville de Goma. Selon l’état des lieux fait par le Forum des femmes leaders du Nord-kivu, au moins 300 ménages sont toujours dans les familles d’accueils et ne sont pas assistés en vivre et non vivre. Les cas de violences basées sur le genre ne sont pas pris en compte par ceux qui apportent de l’aide humanitaire locaux et internationaux. Certaines femmes rapportent qu’on leur a demandé des faveurs sexuelles en échange de l’aide aux sinistrées.
Les membres du Forum des Femmes leaders du Nord-Kivu se réuniront dans un moi pour faire les points sur les droits, les devoirs et le pouvoir citoyens des femmes du Nord-Kivu.
Les femmes au cœur de la vie politique
La question de la place et du rôle des femmes dans la vie politique et sociale en RD Congo est en effet au cœur des débats actuels sur le développement. La participation des hommes et des femmes à la vie politique et publique est une condition nécessaire de la croissance économique et du progrès social, ainsi qu’une question d'équité. Toutefois, force est de constater que dans de nombreux pays, les femmes ne s’impliquent pas autant que les hommes dans la vie politique, économique et sociale de leurs communautés. Et pour cause : elles ne disposent que d’un accès limité à l’éducation, aux ressources économiques et naturelles ainsi qu’aux sphères du pouvoir.
Les recherches menées en 2015 au Nord-Kivu par Alerte international sur la participation des femmes congolaises à la vie politique en cette période des conflits ont mis en avant quatre champs dans lesquelles les femmes ont un rôle majeur à jouer :
- La consolidation de la paix ;
- Les facteurs socioculturels ;
- Les processus électoraux ;
- La gestion de la chose publique.
Les femmes, actrices de paix
La multiplicité des groupes armés reste un défi majeur à l’Est de la RDC. Par ordonnance du 03 Mai 2021, le président de la République, décrétait un état de siège dans la province du Nord-Kivu et Ituri. Ce décret est entré en exécution le 06 mai 2021.
Sur le plan juridique les procès des cas des violences sexuelles trainent d’être traité. En raison, principalement, de l’insuffisance des juges militaires, la justice militaire est débordée ce qui entraîne l’impunité des auteurs. On note également des cas de rançonnement des certains présumés auteurs des viols par la justice militaire. Sur le plan économique : l’administration de la province étant sous la gestion du gouverneur militaire, des personnes malintentionnées se font passer pour les percepteurs de taxes.
La participation des femmes congolaises au processus électoral.
Les femmes ont une énorme influence dans nos communautés, pourtant elles sont presque entièrement exclues de la vie politique congolaise. Seuls 9% des parlementaires sont des femmes et nous avons été presque totalement exclues des efforts de consolidation de la paix - à l'exception de l'inclusion occasionnelle d'une ou deux femmes pour prendre des notes pendant que les hommes parlent.
Des innovations ont été apportées à l’actuelle loi électorale. Malheureusement, elles la rendent plus discriminante en favorisant une catégorie de personnes ou de partis politiques. Les trois principaux problèmes sont : le seuil de représentativité, la caution pour postuler et les machines à voter.
Le seuil de représentativité : Ceci exige des partis politiques d’atteindre au moins 1% de voix au niveau national pour avoir des candidats éligibles dans les différentes circonscriptions au poste de députés nationaux. Au Congo, le contexte socioculturel ne permet pas souvent aux femmes d’être votées par leurs collègues du genre et faire une loi qui fixe un seuil c’est diminuer davantage les chances pour les femmes à postuler.
Les conséquences des nouveautés apportées dans la nouvelle loi électorale étaient très visibles et palpables le 08 juillet 2018 date marquant la fin de dépôt des candidatures pour les législatives. Dans certains Bureau de Réception et Traitement des Candidatures BRCT en sigle aucun dossier n’a été déposé à cause du seuil électoral qui est de 1 % ce qui suscite des réactions dans ces circonscriptions électorales, comment les élections seront possibles si personne ne postule.
La caution pour postuler : Selon la loi électorale actuelle, pour postuler comme député·e national·e, la personne ambitieuse doit payer une caution fixée à 1000 $. Vu le contexte économique de la RDC, cette caution limite durablement la participation de citoyen aux élections et surtout des femmes qui pour la plupart n’ont pas d’emploi. Au Congo, les femmes et les jeunes constituent une couche très paupérisée vivant à moins de 1$ de revenu par jour. “Comment les femmes arriveront-elles à jouir pleinement de leurs droits civiques et politiques garantis par la constitution et le Pacte international sur les droits civiques et politiques ?” s’interrogent les femmes du Forum des femmes leaders du Nord-Kivu.
La machine à voter : la loi électorale prévoit que le vote et la compilation de données se feront par une machine à voter. La première expérience en 2018 au Congo a suscité plusieurs questionnements sur sa crédibilité à produire des résultats justes et acceptables par tous car les expériences des certains pays montrent que cette machine peut facilement favoriser la fraude et la tricherie. Aussi, la RDC a actuellement une population à 65% analphabètes dont parmi elles, certains peuvent avoir des difficultés énormes d’utiliser la machine à voter et d’autres, surtout dans les milieux ruraux, peuvent directement s’abstenir à participer aux votes. Cela limite également la participation civique des citoyens surtout les jeunes et femmes a contribueré au choix de leur dirigeant·e·s au niveau local, provincial et national.
De la vie sociale des femmes
Les valeurs culturelles jouent un rôle fondamental dans l’équilibre des rapports sociaux et les relations de pouvoir entre hommes et femmes. Les rôles sexuels sont en effet définis et façonnés par la culture au sens large, à partir de laquelle se construisent les inégalités, le stéréotype de genre et les normes sociales. La construction sociale du genre est un facteur fondamental de l’accès (ou absence d’accès) des femmes à l’exercice du pouvoir politique. Elle devient un obstacle à la participation politique des femmes dès lors qu’elle s’accompagne de règles, coutumes et croyances religieuses qui contribuent à limiter leurs droits.
Par ailleurs, pendant l’état de siège l’interdiction de manifestations publiques restreint sérieusement les acquis de la démocratie.
La participation des femmes à la gestion publique
Les femmes ont des besoins spécifiques qui sont négligés dans les décisions et les budgets publics. Ces besoins portent sur la santé, notamment sexuelle et reproductive, sur la lutte contre les violences basées sur le genre, et plus globalement sur la prise en compte de leur point de vue dans toutes les décisions. « Pour remédier à ce manque de visibilité des femmes dans les instances de décision, nous devons sensibiliser et former des actrices et acteurs au niveau local pour leur permettre de revendiquer leurs droits et de contribuer à la prise de décision », insiste, Justine Masika, Présidente du Forum des femmes leaders du Nord-Kivu.
De la situation des femmes dans la pandémie COVID 19
La pandémie du coronavirus affecte le quotidien des ménages en RD Congo. Or, depuis le 18 Mars 2020, le Président de la RDC décide régulièrement des mesures sanitaires qui se révèlent impopulaires et difficilement suivies. Au Nord-Kivu, à cause de cette pandémie, les femmes se sont vues brusquement interpellées par une situation nouvelle : « constater l’augmentation inhabituelle des dépenses du ménage due à l’épuisement rapide des maigres stocks alimentaires et des réserves d’eau, l’aggravation de la charge, lourde et inégale, du travail domestique et de soin assuré par les femmes et les filles. » En effet, tout l’éventail des tâches domestiques quotidiennes comme la cuisine, le ménage, la lessive ou la collecte d’eau, qui leur incombe, est en totale augmentation.
Mais le plus grand défi posé aux femmes par les restrictions imposées par la lutte contre le Covid reste de préserver à la fois la population et ses moyens de survie. En effet, devenues dans la plupart des cas chefs de ménages dans un contexte de chômage généralisé, la majeure partie des femmes survit et fait vivre leur maisonnée grâce à des activités qui exigent des sorties quotidiennes opposées au confinement.
La situation des femmes après l’éruption volcanique
L’éruption du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021. Depuis l’éruption volcanique nous sommes sans assistance, nous avons eu quelques ONG et militant qui nous ont donné la bouillie pour deux semaines, mais après ils ont été incapable de continuer” déclare Ornella Sifa, une sinistrée de Kamuronza. Des sinistré·e·s sont toujours dans des familles d'accueil et dans le site ‘’point de chute’’ à Sake, 27 Km au Sud de la ville de Goma. Selon l’état des lieux fait par le Forum des femmes leaders du Nord-kivu, au moins 300 ménages sont toujours dans les familles d’accueils et ne sont pas assistés en vivre et non vivre. Les cas de violences basées sur le genre ne sont pas pris en compte par ceux qui apportent de l’aide humanitaire locaux et internationaux. Certaines femmes rapportent qu’on leur a demandé des faveurs sexuelles en échange de l’aide aux sinistrées.
Les membres du Forum des Femmes leaders du Nord-Kivu se réuniront dans un moi pour faire les points sur les droits, les devoirs et le pouvoir citoyens des femmes du Nord-Kivu.